5 juin 2010

when the music's over...

Bon, tout a un terme parait il.

Après mures réflexions et violentes batailles intérieures, remises en cause de fond en combles, ma décision est prise et mérite explications.

Je stoppe l'aventure de Barrel Surfboards, de mon propre chef et alors que les choses prennent plutôt bonne tournure.

Sauf que "bonne tournure" ne rime pas avec rentabilité ni vie sociale satisfaisante.

J'explique:

- fabriquer des planches de surf ne génère à peu de chose près AUCUN bénéfice ou du moins, il n'y a aucun lien probable entre le temps passé à le faire et ce que ça rapporte réellement.

Or et jusqu'à preuve du contraire, on vit dans un monde où tout se monnaye et tout a un prix.

En particulier, le droit à travailler... c'est un désastre d'arriver à l'admettre mais travailler pour soi même est un luxe que je ne peux plus m'offrir, tout du moins dans le cadre de la production de planches de surf.

- dans ma vision des choses, chaque planche demande un temps de discussion et de maturation important, que le surfeur mérite bien entendu mais qui détermine aussi un seuil de rentabilité inatégnable... en gros, d'un point de vue brutal, le temps passé avec le surfeur décide d'une rentabilité impossible à tenir... pour moi, finir par devoir considérer les surfeurs comme des obstacles au business est complètement à côté de la plaque, ils ont toujours été le centre de mes attentions et ma motivation même de produire des planches.


Sauf qu'aujourd'hui, je constate que tout le temps passé et l'énergie investie dans ce projet ne débouchent sur rien de confortable pour ma vie personnelle...

Dont acte, je baisse le rideau avec un vilain noeud dans le ventre et une vraie tristesse.


Mais c'est ainsi, travailler du mieux qu'on peut ne suffit pas à faire face au cout du travail, des marchandises etc...

Les causes sont nombreuses mais la production de planches de surf en France ne répond à aucune des règles normales du commerce, en particulier en terme de marges et de capacité à générer de la trésorerie et du coup à faire grandir son business.

Ca fout les boules mais c'est un fait: vos shapeurs bossent à perte et les prix de vente sont misérables.

Ce qui ouvre encore de nombreux débats sur la justesse des prix de vente des planches...

Elles sont vendues au prix que le marché exige, pas au prix du travail.

Pensez y, (futurs) clients de shapeurs, quand vous achetez et que vous ragassez les prix, vous détruisez l'artisanat local: d'ici peu de temps, personne ne pourra plus tenir le coup si personne n'accepte de payer le travail au prix qu'il mérite.

C'est la dure réalité et l'équation insoluble de ce business: d'une part un cout de production incroyablement élevé et d'autre part des clients que le hard discount habitue à des tarifs ridiculement bas....


Bref, pour ma part, je ne peux plus suivre et survivre malgré le plaisir que j'ai à produire des planches au mieux de mes capacités et de mon attention.


Je ne peux pas finir ce triste dernier message du blog Barrel et Plus sans remercier tous les surfeurs qui depuis le début m'ont soutenu, qui ont eu la gentillesse de me faire confiance dans mes débuts hasardeux, qui pour certains sont revenus plusieurs fois et qui pour d'autre auraient sans doute bien voulu le faire encore.

J'ai rencontré des gens supers, ici en France et partout en Europe et dans le Monde.

A tous et toutes, mille mercis, c'est vous qui m'avez aidé à aller aussi loin dans cette aventure.

Je me sens triste de perdre la chance de vous voir encore et de vous rendre heureux avec le travail de mes mains et de mes yeux.


Pour l'heure, music's over, let's turn off the lights...

La vie dira de quoi le futur sera fait.